MA 2592, fol. 3

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Antoine de Saint Exupéry
1900–1944

Le petit prince

[1942 ca. July-Oct.]
280 x 215 mm

Purchased on the Elisabeth Ball Fund, 1968

MA 2592
Translation: 

Since I never learned to draw, I had to do something else. I learned to pilot airplanes. I established airline routes. I’ve flown just about everywhere. I must admit that Geography has served me well. I knew how to tell Asia China from America at a glance. If you’re lost in an airplane this is most useful. I’ve also written books and gone to war. So I’ve spent a great deal of time among grown-ups. I have seen them up close. This has not done much to improve my opinion.

Whenever I met one who seemed to me a bit nicer brighter than the others. I would conduct an experiment. I would show him my drawing of a hat no. 1, which I’ve kept. He would say, “It’s a hat.” So I would not speak to him about boa constrictors, or stars, or fairies. I would put myself on his level. so as not to tire him out I would speak to him about politics, bridge, golf, and neckties. And he would be quite pleased to have met such a serious man.

But of course I was very lonely. This lasted up until I crashed in the desert. I had fallen asleep fallen asleep all alone on the sand. I was alone in the plane. I had to had to wait until daybreak until daybreak to fix my engine. I was all alone a thousand miles from any inhabited area. And suddenly I was awakened by a funny little voice that said to me,

Please Draw me a sheep.”
“Huh?”
“Draw me a sheep.”

I rubbed my eyes and jumped to my feet, so extraordinary it was to hear speak a voice a thousand miles from any inhabited area. There was And I saw there before me an extraordinary little fellow who looked at me very seriously. He looked neither seemed neither lost nor dying of hunger nor dying of exhaustion, nor dying of thirst. I said to him,

“What are you doing here?”
“Draw me a sheep.”

I was so astonished that I automatically took out of my pocket my pen as well as some paper. And I But I

Transcription: 

Comme je n’avais pas appris à dessiner j’ai dû faire autre chose. J’ai appris à piloter des avions. J’ai instauré des lignes aériennes. J’ai volé un peu partout. La géographie je dois l’avouer m’a beaucoup servi. Je savais reconnaître l’Asie la Chine de l’Amérique du premier coup. Si on est perdu en avion c’est très utile. J’ai aussi écrit des livres et fait la guerre. J’ai ainsi beaucoup vécu chez les grandes personnes. Je les ai vu[es] de près. Ça n’a pas beaucoup amélioré mon opinion.

Quand j’en rencontrais une qui me semblait un peu plus gentille éveillée que les autres. je faisais une expérience. Je lui montrais mon dessin du chapeau no. 1, que j’ai conservé. Elle me disait: “c’est un chapeau.” Alors je ne lui parlais ni de serpents boa, ni d’étoiles, ni de fées. Je me mettais à sa portée pour ne pas la fatiguer Je lui parlais de politique, de bridge, de golf et de cravates. Et elle était bien contente de rencontrer un homme aussi sérieux.

Mais évidemment j’étais bien seul. Ça a duré jusqu’à une panne dans le désert. J’avais dormi dormi tout seul dans le sable. J’étais seul dans l’avion. J’avais dû attendre qu’il fasse jour le jour pour réparer mon moteur. J’étais tout seul à mille milles de tous les endroits habités. Et voici que j’ai été réveillé par une drôle de petite voix qui me disait

S’il vous plaît Dessine-moi un mouton.
–Hein!
–Dessine-moi un mouton.

J’ai frottais mes yeux et j’ai sauté sur mes pieds tellement c’était extraordinaire d’entendre parler une voix à mille milles de tous les endroits habités. Il y avait Et j’aperçus là, devant moi, un petit bonhomme extraordinaire qui me regardait gravement. Il n’avait l’air ne semblait ni perdu ni mort de faim, ni mort de fatigue ni mort de soif. Je lui dis:

–Qu’est-ce que tu fais là?
–Dessine-moi un mouton.

J’étais tellement stupéfait que je sortis machinalement de ma poche mon stylographe et du papier. Et je Mais je